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Le dernier train était sauvé. Quelques heures après la voie appartenait à l’ennemi.

Sur le passage du train les paysans venaient voir. Presque tous les voyageurs les apostrophaient, « Tas de ruraux ! Tas d’imbéciles ! » leur criait-on « c’est vous qui nous valez la guerre, tas de Oui ! Hé bien ! vous allez voir ce que cela coûte, vous allez en tâter du prussien. » Les paysans ne riaient pas, je vous le jure.

Nous arrivâmes au Mans. Au plus vite nous nous mîmes à la recherche d’un gîte. Nous parcourûmes au milieu de la nuit je ne sais combien des rues obscures de cette ville qui nous était inconnue. A toutes les auberges où nous frappions, on nous répondait : « C’est plein. » A la fin, nous trouvâmes à nous coucher dans un grenier à foin. J’eus bien froid la nuit, oh ! bien froid !

Le lendemain nous nous séparâmes. Il partit pour son régiment où il devint maréchal-des-logis, et moi je me dirigeai sur Mezidon et sur Caen, au milieu de voyageurs dont