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HISTOIRE DU CÉLÈBRE PÉPÉ

Il eût voulu faire comme eux ; mais il n’avait pas un cen­time dans sa poche, le pauvre petit»

— Que vais-je devenir ? se répétait-il. Où vais-je aller ?

Il fut distrait par des bruits de grosse-caisse et de cymbales, par des cris joyeux. C’était la fête de Montmartre, et, depuis la place Clichy jusqu’à la rue Rochechouart, les baraques s’en­tassaient, les unes à côté des autres. Les marchands de crêpes auprès des tirs ; les jeux de massacre auprès des voitures de somnambules ; les boutiques de pain d’épices et les tournants remplis de porcelaine à côté du rouge-et-noir des macarons ; les loteries à sabres, couteaux et fusils en face de celles où on gagnait de beaux oiseaux multicolores qui chantaient dans leur cage.

Au milieu de ces boutiques, on voyait des ménageries, Bidel vis-à-vis de Pezon et de Totor ; le grand théâtre de Cocherie avec ses transformations multiples, ses tableaux vivants ; la machine à vapeur s’élevait à côté des chevaux de bois à deux étages, ornés de lambrequins brodés de perles et de paillettes scintillantes, muni d’un orgue-orchestre qui assourdissait les passants et faisait concurrence à la fanfare de deux ou trois cirques. Le fameux prestidigitateur Delille avait sa parade en face de la baraque du grand Marseille, le « tombeau des lutteurs, » et la foule se pressait pour entrer derrière une toile relativement exiguë sur laquelle on avait simplement écrit ces mots magiques : « La belle Fatma. »

La foire était pleine d’attractions. L’odeur de graisse répandue dans l’atmosphère réjouissait les narines de Pépé. La vue des crêpes entassées, sur les assiettes lui rappelait les bonnes