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HISTOIRE DU CÉLÈBRE PÉPÉ

Il ne se couchait plus qu’à une heure ou deux du matin. Pépé aussi.

La mauvaise saison arrivait lentement.

Très souvent, il pleuvait et le malheureux enfant n’avait rien pour se garantir de la pluie. Ses vêtements étaient en guenilles, ses chaussures ne tenaient plus à ses pieds, quand il avait reçu la pluie, il était traversé, et il fallait que tout ce qui le couvrait encore tant bien que mal séchât sur lui. Il claquait des dents sur le plancher du taudis où il couchait et il lui semblait quelquefois que ses membres se paralysaient et qu’il ne parviendrait plus à s’en servir.

Il ne faisait pas jour qu’il devait se secouer, descendre, toujours tenu en laisse comme un chien, de manière à se trouver dans les cours au moment où les habitants se lèvent, où les domestiques font le ménage et où on peut espérer de ramasser déjà quelque menue monnaie. Le méchant homme après avoir réveillé Pépé voulait réveiller tous les Parisiens avec son trombone. Mais il y en avait qui se fâchaient ; très fréquemment les concierges le mettaient à la porte. Il se vengeait de ce qui lui arrivait en piquant le pauvre petit avec son épingle. C’était devenu chez lui un système. Ça l’amusait beaucoup lorsque Pépé pleurait.

Pauvre Pépé ! il en avait assez de souffrir. Sa bonne petite nature se révoltait. Il n’en pouvait plus, se sentait devenir malade et il voulait en finir.

— J’aimerais mieux me noyer que de rester ainsi ! s’écriait-il.

Mais même pour se noyer, il aurait fallu qu’il pût quitter le méchant homme, et celui-ci ne le lâchait pas.