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HISTOIRE DU CÉLÈBRE PÉPÉ

Quelquefois les gendarmes les arrêtaient et le cœur de Pépé battait d’espoir ; mais le méchant Prussien avait ses papiers en règle et dans ces moments-là il ne sourcillait pas et ne cessait de tenir solidement le bras du pauvre Pépé.

Une seule fois, quand ils eurent dépassé Bernay, un brigadier de gendarmerie fit cette observation :

— Nonobstant que vos papiers sont en règle, comme quoi est-ce qu’il se fait que votre garçon ne soit pas mentionné ?

— Il m’a rejoint depuis peu de temps, dit le Prussien.

— Pour lors qu’il faudra le faire ajouter sur vos papiers. C’est compris ?

— Oui, monsieur le gendarme, dit le Prussien en courbant bien bas son échine.

— Et puis, reprit le gendarme, que je ne vois pas énumérée votre qualité d’aveugle. Il faudra me faire ajouter ça sur vos papiers. C’est compris ?

— Oui, monsieur le gendarme, dit le Prussien en se courbant encore plus bas.

Il tordait le bras de Pépé, tellement il craignait de l’entendre parler. Il ne le lâcha qu’en voyant le brigadier et son fidèle ami le gendarme Pandore s’éloigner au pas tranquille de leurs chevaux.

Quand Pépé aperçut de loin la grand’ville de Paris, sans savoir pourquoi, il tressaillit.

Ils arrivaient à Paris par Bellevue et Meudon. En découvrant Paris de là-haut, Pépé eut une impression identique à celle qu’il avait eue en face de la mer. Il lui parut que Paris ne prenait pas fin, comme la mer.