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HISTOIRE DU CÉLÈBRE PÉPÉ

des baraques de saltimbanques. Ah ! ces baraques ! Dès que Pépé les aperçut, son cœur bondit et sa jeunesse passa comme un éclair devant ses yeux. Ces baraques, c’était lui qui en avait peint les toiles ! Il les retrouvait là, sur le sol étranger, loin de sa patrie, comme une autre patrie placée sur son chemin. Oh ! ces toiles ! ces fameuses toiles ! les toiles de Totor ! les toiles du dompteur ! Il les revoyait avec leur coloris atténué par la pluie, le soleil, les intempéries, mais naïves et produisant encore un mirobolant effet. Ils resplendissaient, Louis XIV, Napoléon et Louis-Philippe ! Les lions étaient peut-être devenus plus vivants. Quant aux serpents, c’était la nature même.

Pépé se donna le plaisir d’entrer dans la baraque de l’illustre Totor et d’assister à sa représentation. Quand Totor eut fini, Pépé l’aborda et lui dit :

— J’espère que tu vas m’offrir à souper.

— Quel est ce garçon ? se demanda Totor qui ne le reconnaissait pas.

— Regarde-moi fixement, dit Pépé.

Totor le dévisagea.

— Pépé ! fit-il.

— Hé, oui ! dit Pépé.

— Ah ! que je suis content de te revoir ! Tu es un grand peintre à présent, à ce qu’on raconte ! Si je t’invite à souper ? Ah ! je le crois, bien ! Dans la cage des lions, si. tu veux.

Il appela tout son monde…

— Voilà. Pépé, dit-il, Pépé, l’auteur de ma parade, mon