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HISTOIRE DU CÉLÈBRE PÉPÉ

contraire, s’en tiennent à la nature, à ce qu’ils ont sous les yeux, et les Italiens ont beau être éclatants, ils ne distribuent pas la lumière comme les Hollandais ; aucun d’eux ne joue avec le jour comme Rembrandt.

Il voulait aller en Hollande pour étudier cette École hollandaise qui l’émerveillait.

En attendant, il fréquentait les peintres, ses contemporains ; il se faisait des amis, se créait des relations, comprenant que c’est par là que doit commencer la vie sociale.

Il allait voir Carolus, le grand peintre de portraits, toujours frisé et cosmétiqué, serré dans ses redingotes et qui peignait du bout d’une main féminine. Placé derrière lui, il le regardait brosser à grands jets des étoffes d’un coloris puissant.

De chez Carolus, il allait chez Papillon, le peintre des natures mortes. Celui-là avait une singulière histoire. Il était né dans l’échoppe d’un savetier lyonnais, d’un de ces pauvres hères que, à Lyon, on nomme un « gnafre ». Il avait commencé par faire des courses et par raccommoder des souliers. Un matin, il s’était mis à suivre les cours de la place des Terreaux, il avait appris à dessiner et, petit à petit, il s’était fait peintre. La renommée l’avait trouvé depuis. Il était sans rival pour les vieux chaudrons et les harengs saurs. La brosse, chez lui, était presque un instrument inutile ; il se servait du couteau à palette, mêlait ses couleurs du bout de sa lame flexible, et quand il avait le ton qu’il cherchait, il l’étalait sur la toile.

— Comme du beurre sur du pain, pensait Pépé,

Et, en rentrant chez lui, Pépé prenait son couteau et s’assi-