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HISTOIRE DU CÉLÈBRE PÉPÉ

— Moi, dit un rapin, il me faut du bleu ! Je suis partisan de l’influence du bleu dans les arts ; il me faut l’Italie et les peintres italiens.

— Vive la Hollande ! cria Pépé. Personne n’égalera jamais Van Ostade.

— Oh ! oh ! à bas le lécheur de toile !

— À bas le peintre sur porcelaine !

— Vous ne direz pas ça de Rembrandt, s’écria Pépé.

— Un homme qui ne savait pas dessiner !

— Un empâteur !

— Un faiseur de trompe-l’œil !

Et entre partisans de l’École hollandaise et de l’École italienne, on allait jusqu’à se lancer des boulettes de pain à la tête.

Ils sortaient en se disputant et généralement formaient un monôme en se mettant l’un derrière l’autre, en tenant le pan de leur vêtement. Ils figuraient ainsi un long serpent qui allait d’un trottoir à l’autre.

Le premier disait : — A ; le second disait : — E ; le troisième disait : — I ; le quatrième disait : — O ; le cinquième disait : — U.

Et celui qui venait ensuite s’écriait : — Lustucru !

Après « Lustucru », la scie des voyelles se poursuivait, et quand le dernier de la bande avait fini, le premier recommençait.

Il arrivait toujours qu’un ou deux des artistes se trompait de voyelle. Alors, le monôme faisait demi-tour et entrait chez le marchand de vin le plus proche. La bande des rapins s’ali-