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HISTOIRE DU CÉLÈBRE PÉPÉ

donne la vie commune du régiment, se mirent à blaguer irrévérencieusement le jeune lieutenant.

— Vois-tu, Pépé, dit Édouard, nous sommes des camarades parce que nous restons de simples soldats ; mais dans le métier militaire, il suffit d’un galon de laine sur la manche pour qu’un homme se croie plus qu’un autre.

— Et voilà !

Comme ils étaient punis, leur chef vint les prendre pour les mener à la corvée. Ils balayèrent la cour.

— C’est avec le manche du balai que l’on apprend à vaincre, fit observer Édouard.

— C’est pour ça qu’on dit : balayer l’ennemi.

— Faites donc attention ! cria le lieutenant en passant, vous laissez des brins de paille.

— Manque d’habitude, murmura Édouard.

— Vous me ferez vingt-quatre heures de salle de police de plus, pour vous apprendre.

— Toi, pensa Pépé, ce que je vais t’accentuer ta charge, tu vas voir !…

Effectivement, il l’embellit prodigieusement en rentrant à la salle de police.

— Voilà, dit Édouard en s’étendant sur le lit de camp, voilà que j’ai envie de chanter comme dans les opéras-comiques :

Ah ! le beau métier ! Ah ! le beau métier que celui de soldat !

— Je m’en vais, tandis que j’y suis, dit Pépé, faire tout le régiment.