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L’ÉCOLE

il faut qu’elle se marie immédiatement, si nous ne voulons pas la mettre en contact avec les saltimbanques…

— Il faut la marier immédiatement, dit Pépé auquel cette idée souriait beaucoup.

— Et si elle ne voulait pas de toi ?

— Ne pas vouloir de moi ? fit Pépé qui pâlit.

— Et si Alcindor n’en voulait pas non plus ?

— De moi ?

— De toi. Il ne faut pas trop te leurrer, mon cher Pépé. Colette n’est pas encore à toi.

Deux grosses larmes descendaient lentement sur les joues de Pépé.

— Bête ! fit Mme Alcindor. Je sais que tu l’aimes bien, et ce que je souhaite pour Colette, c’est qu’on l’aime.

Elle ajouta :

— Nous nous demandons, Alcindor et moi, si nous ne devons pas vendre notre cirque. Seulement, nous sommes si accoutumés à notre vie légèrement nomade que je ne sais si nous nous habituerions à ne rien faire. C’est une existence pleine de distractions que la nôtre, au milieu de notre troupe. Nous avons contracté l’habitude de vivre les uns avec les autres. Je connais les mots et les intonations de Rig, de Gig et de Pig, mais ils me manqueraient, si je ne les entendais plus ; ceux que j’ai vus enfants, Mametta, Carlo, Luisa, toute mon ancienne petite troupe, je les aime presque autant que s’ils étaient les miens. J’éprouverais une peine extrême à me séparer des bêtes, du vieil âne Barbasson et de ton ancien camarade Moutonnet, quoiqu’ils se fassent vieux. Alcindor, de son côté,