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HISTOIRE DU CÉLÈBRE PÉPÉ

C’était ce que les élèves, qui connaissaient les habitudes de Cabrion, attendaient.

Boursotte fit signe aux camarades, et quand Pépé, Cabrion ayant quitté la place, fut pour s’asseoir, ils tirèrent vivement le tabouret.

Jamais la farce ne ratait, et c’était une fort mauvaise farce, car l’on pouvait casser les os du malheureux auquel on la faisait. On s’aplatissait par terre et on se frottait après.

Ils riaient déjà de voir Pépé « faire une galette », quand, à leur grande surprise, celui-ci d’un vigoureux coup de reins se redressa en sautant.

Il promena un regard assuré sur ses camarades, reprit son tabouret, en détacha silencieusement la ficelle et se remit à travailler.

— Oh ! oh ! fit Cocardasse, le plus turbulent des élèves de Cabrion, il est plus fort que nous en gymnastique, celui-là.

— Raté, dit Boursotte. Il faut trouver autre chose. Ils continuèrent à peindre d’un petit air innocent.

— Ah ! on fait des farces, ici, pensa Pépé ; nous verrons, mes chers camarades, qui aura le dernier mot.

Le lendemain, en s’asseyant, il sentit quelque chose de mou et de chaud. Il se releva vivement. On lui avait glissé sur son tabouret une assiette remplie de pommes cuites.

— Ce n’est pas ainsi qu’on les sert, dit-il ; mais c’est égal, il ne faut pas perdre les fruits de la terre.

Et il mangea l’assiettée de pommes en les déclarant excellentes et en faisant de grands gestes pour montrer que ce repas lui convenait.