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INDUSTRIEL

— Venez avec moi à l’atelier, madame Alcindor, dit Pépé, vous allez voir ce que je m’en vais faire.

Arrivé à Montmartre, il régla le compte de ses ouvriers et les renvoya ; puis prenant, lui seul, ses pinceaux, sa palette, ses godets et ses seaux pleins de peinture, il se mit à fabriquer les tableaux demandés, à les fabriquer comme il les avait faits déjà, naïvement quoique avec plus de malice, car il se servit davantage de trompe-l’œil, de peaux, de poils pour imiter les animaux.

— Sentez-vous que ça revient ? demanda-t-il à Mme Alcindor.

Il déposa ses brosses et s’agenouillant aux pieds de sa directrice étalée dans un grand fauteuil :

— Oh ! maman Alcindor, lui dit-il, que j’ai eu peur. Il m’a paru tout à coup que vous ne me laisseriez plus approcher de Mlle Colette ! J’ai cru que vous n’alliez plus m’aimer. Hier, je me serais cassé les reins avec plaisir…

— Imprudent !…

— Qu’est-ce que je pourrais faire autre que me casser les reins si vous m’abandonniez ?

— Tu aimes donc bien Colette ?

— Oh ! oui. J’ai beau regarder les autres fillettes dans la rue, jamais je n’en vois une qui soit digne d’être à ses pieds. Il n’y a que Mlle Colette de jolie.

Mme Alcindor embrassa Pépé.

— C’est une enfant, dit-elle, que Colette, et toi aussi, tu es un enfant. Travaille, voilà tout ce que je puis te dire.

— Oh ! je sais que je dois travailler.