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INDUSTRIEL

quelques-unes de ses toiles de parade, et il s’étonna de ce que Pépé parvenait à produire.

— Je vais m’occuper d’une façon particulière de ce grand garçon, dit le professeur à Mme Alcindor ; il m’intéresse. On n’a pas le génie de la couleur comme il l’a sans être destiné à devenir un grand artiste.

Effectivement, le maître surveilla de près l’élève, il affermit sa main, donna à son trait une fermeté plus grande, lui indi­qua la théorie des ombres, celle de la proportionnalité exacte des parties du corps, il rectifia son dessin, et les progrès de Pépé furent rapides.

Il allait à son cours trois fois par semaine, et, quand il ren­trait, sans négliger ses exercices de gymnaste, il trouvait de la besogne.

Sa réputation comme peintre de tableaux de parade s’éten­dait chaque jour. Au fur et à mesure qu’il finissait une toile et qu’elle parait un établissement forain, il opérait une révo­lution de plus en plus marquée dans l’art d’orner les baraques. De Paris, le bruit de son talent s’était répandu en province et jusqu’à l’étranger. Il lui arriva des commandes de Lyon, de Nîmes, de Bâle et de Bruxelles. Ces commandes réunies représentaient une somme d’argent considérable.

— Faut-il à présent quitter le cirque pour me consacrer à ces tableaux ? demanda Pépé à Mme Alcindor.

— Non, répondit la directrice, ne quitte pas le cirque et poursuis tes exercices ; c’est une forte attraction pour le public, le petit Léotard ; tu nous sers, tu grossis la dot de Colette, et