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LES BONS SALTIMBANQUES

je me charge de te faire prendre des leçons de dessin. À toi de devenir artiste. Seulement, que mon mari ne soupçonne jamais que tu travailles pour Colette. Lui, il te la donnera quand tu seras parvenu, mais il ne te la promettrait pas, à présent.

— Oh ! je n’ouvrirai pas la bouche de Mlle Colette, dit Pépé ; ni de Mlle Colette, ni de rien.

Mme Alcindor, le soir parla à son mari de la nécessité d’envoyer Pépé à un cours de dessin.

— Pourquoi ? s’écria Alcindor Tu vas abîmer cet enfant ? Il est beau comme Apollon et tu veux qu’il se tienne assis et courbé en deux plusieurs heures par jour ?

— Il est grand et fort aujourd’hui ; il n’y a pas de danger qu’il devienne tortu.

— Ça ne vaut rien pour le corps, les exercices de tête.

— C’est sa main qu’il exercera. Tu comprends qu’on ne peut négliger de développer les étonnantes dispositions qu’il montre pour la peinture. Il surprend tout le monde ; tu dois te rappeler qu’à la fête de Neuilly, quand les artistes virent les tableaux du dompteur, ils manifestèrent leur opinion hautement.

Et l’opinion des artistes peintres ?…

Était de lui faire donner des leçons de peinture.

— Tout ça, pour qu’il peigne un peu mieux des toiles de parade ! Et s’il les fait moins bien ?

— Il les fera mieux.

— Tu n’en sais rien. Ceux qui peinturluraient nos toiles,