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PEINTRE EN DÉCORS

Ce fut à la fête de Neuilly que, pour la première fois, l’œuvre de Pépé fut exposée devant la baraque des Totor. Elle causa un étonnement inénarrable. Sous la lumière du jour, avec les resplendissements du soleil sur les ors et sur les couleurs, on crut avoir sous les yeux une mosaïque de Venise. Des peintres venus à la fête s’extasièrent devant ces toiles autant qu’ils s’en amusèrent.

— Qu’est-ce qui a pu fabriquer ça ? se demandaient-ils. Ce ne peut être un peintre, ce ne peut être quelqu’un ayant reçu une leçon de dessin ou de peinture.

— Quel effet !

— C’est surprenant ! Il y a jusqu’à des peaux de serpent naturelles !

Ils s’informèrent et apprirent que l’auteur de ces tableaux était Pépé, le beau Pépé, le rival de Léotard, un des astres du cirque Alcindor.

— Allons le voir, dirent-ils.

Ils s’attendaient à trouver un homme et ils virent un jeune garçon de treize ans, fait au moule, élégant dans sa soie blanche, qui accomplissait son vol d’oiseau.

— On ne peut voir un travail aérien mieux exécuté, dirent-ils.

Ils firent la connaissance de Pépé. L’un d’eux se nommait Champion, un autre Baluchon, et tous deux étaient célèbres.

— C’est vous qui avez peint les tableaux de Totor ? lui deman­dèrent-ils.

— Oui, messieurs.

— Vous n’avez jamais appris à dessiner ? à peindre ?