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HISTOIRE DU CÉLÈBRE PÉPÉ

l’arbrisseau. Il eût procédé par des découpages que l’effet eût été à peu près identique ; mais il fallait tenir compte des verts, et pour que le vert ne se confondît pas avec le vert, que le chêne, le bouleau, le tilleul et les herbes ne fussent pas d’une couleur uniforme, Pépé avait composé pour chaque essence d’arbre ou de plante un vert différent, vert qui n’avait généralement rien de commun avec la nature.

Ces verts appliqués contre d’autres verts faisaient un si curieux mélange que l’œil se trouvait fatigué et accroché. La forêt papillotait, elle n’avait pas de perspective, pas de profondeur et l’œil s’y perdait. L’effet obtenu était insensé et saisissant.

Une fois en place, aux lumières, les feuilles avaient l’air de bouger, tant elles miroitaient. Ce décor faisait plus d’effet que les autres. Il eut auprès des forains un succès prodigieux et plusieurs d’entre eux demandèrent à Alcindor l’autorisation de commander des toiles à Pépé.

— Tant que vous voudrez, dit Alcindor ; mais vous le paierez largement.

— Plus cher que n’importe lequel de nos décorateurs, s’il réussit nos décors comme le vôtre.

— Tu sais, petit, profite de l’occasion pour gagner de l’argent, dit Mme Alcindor. Du reste, je ferai mon prix avec eux, moi, et on placera ce que tu gagneras comme nous plaçons tes gages.

Pépé exécuta différents décors, notamment pour Delille et pour Cocherie ; mais, à la fin de la saison, il eut une commande d’une importance capitale, qu’il s’engagea à faire en deux hivers, à la maison de l’hivernage.