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HISTOIRE DU CÉLÈBRE PÉPÉ

De se voir tant applaudi et complimenté lui donnait l’orgueil de l’acteur.

— Tu as été très beau, mais lui dit Mme Alcindor.

— Vous le direz à Mlle Colette, murmura Pépé en se penchant à l’oreille de Mme Alcindor.

— Est-il drôle, ce petit, pensa Mme Alcindor ; on dirait qu’il aime Colette, ma parole d’honneur.

Le lendemain, l’enivrement de la veille recommença.

La représentation avait fait du bruit ; Léotard seul s’était, jusque-là, livré au même exercice ; de voir un enfant accomplir cette volée des trapèzes à de plus grandes longueurs entre les trapèzes que celles que Léotard franchissait, fit parler tout le monde et courir tout Paris. Les journalistes vinrent à la foire au pain d’épice exprès pour lui. On imprima qu’il était admirable.

Grandes dames, bourgeois et menu peuple voulaient applaudir le superbe enfant. Le cirque Alcindor regorgea de monde. Il dut faire deux représentations chaque soir. Pépé rapporta un argent fou.

— Tu sais, Pépé, dit Alcindor, à partir d’aujourd’hui, tu as des appointements. Je te donne trois cents francs par mois que je placerai à ton nom.

Mais Pépé, qui ne manquait de rien, était insensible à cette question d’argent.

Il jouissait de sa gloire naissante, et il délaissait sa peinture pour ne songer qu’à lui, dans son beau costume de soie et d’or, passant au-dessus de mille têtes, comme s’il eût eu des ailes.