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HISTOIRE DU CÉLÈBRE PÉPÉ

couleurs, dans son aquarelle, c’est que, chaque fois qu’il était sorti des teintes plates, qu’il avait voulu revenir sur sa couleur ou la remanier, il n’avait réussi qu’à produire un horrible gâchis. Avec les couleurs à l’huile, c’était autre chose, il pouvait couvrir un ton d’un autre ton, revenir sur ce qu’il avait déjà fait, s’adonner à un véritable débordement de peinture.

La première fougue passée, il s’appliqua à se rendre compte de sa palette, de l’effet obtenu par le rapprochement des tons ou par le mélange des couleurs et de la manière dont il pouvait fixer la nuance des objets qui frappaient sa vue, et d’abord des brillants costumes des artistes du cirque Alcindor. Ses progrès, le pinceau à la main, furent beaucoup plus rapides que ceux qu’il avait obtenus avec son crayon.

— Il faudrait lui faire donner des leçons de peinture à cet enfant, disait Mme Alcindor.

— Rêves-tu ? s’écria son mari. Un peintre ! Qu’est-ce que c’est que ça ?

Il ajouta :

— Des gens qui s’intitulent artistes on ne sait pourquoi, car ils sont aussi incapables de porter cinquante kilos à bras tendus que de dompter un cheval. Beau comme il est, cet enfant, hardi, déjà aussi fort que Léotard, tu voudrais qu’il ne quittât jamais un abominable pantalon qui cacherait sa jambe ! Qu’il ne volât pas aussi léger qu’une hirondelle d’un trapèze à l’autre ! Ce serait abaisser la nature humaine ! Tu déraisonnes, ma pauvre femme ! Quand on est beau, c’est pour se faire voir aux populations.