Page:Monteil - Histoire du célèbre Pépé, 1891.pdf/180

Cette page a été validée par deux contributeurs.
174
HISTOIRE DU CÉLÈBRE PÉPÉ

tique ; ensuite le bonhomme avait pris une sorte de forme qu’il lui avait donnée à force de regarder ses camarades et en se rendant compte de leurs proportions. Comme ils étaient presque toujours en maillot, il lui était facile de les étudier, et pour lui l’étude était si sérieuse qu’il en tirait des résultats.

Pépé était le vivant exemple de ce que peut produire le goût pour un art joint à l’application et au travail. Le pauvre Pépé savait à peine les lettres de l’alphabet, personne dans le cirque Alcindor ne pensait à lui donner des leçons de lecture et d’écriture, aucun des artistes du cirque n’estimant qu’on eût absolument besoin de savoir lire pour vivre. Jamais un maître ne lui avait montré de quelle manière on tient un crayon ou une plume. C’était de lui-même qu’il avait saisi un crayon, qu’il y avait habitué ses doigts ; c’était de lui-même qu’il avait dessiné des bonshommes, cherché la forme humaine, fait des chiffres, et il riait à belles dents quand il s’amusait à numéroter ses essais, depuis, son premier trait jusqu’au dessin ayant forme humaine, 1, 2, 3, 4, 5, 6.

Ce qu’il dessinait à présent ressemblait à quelque chose, et il faisait impitoyablement poser ses camarades.

Ses modèles, c’était Moutonnet, c’était Trilby, le joli petit poney, c’était Gig, c’était Luisa, Margarita, Mametta et Carlo. Il avait un mètre avec lequel il mesurait leurs membres afin d’établir les proportions de son dessin. Il parvenait ainsi à fixer dans son esprit la longueur et la largeur comparative des différentes parties du corps des êtres, et de son esprit les longueurs et les épaisseurs passaient dans son crayon, et du crayon sur son papier.