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HISTOIRE DU CÉLÈBRE PÉPÉ

auquel il appartenait. C’était le fils de braves ouvriers réduits à la dernière extrémité, car des mendiants ou des gens de mauvaise profession eussent cherché à tirer parti de l’enfant au lieu de l’abandonner.

— Si je connaissais ces malheureux parents, je les aiderais, pensa Mme Giraud.

Mais il lui était impossible d’obtenir de l’enfant un renseignement quelconque. Elle fit mettre un avis dans les journaux, mais cet avis ne lui fit rien découvrir.

Cependant elle soigna l’enfant. Au sortir du bain, habillé comme il ne l’avait jamais été d’étoffes laineuses, Pépé s’était bourré de nourriture ; il s’était un peu consolé et beaucoup familiarisé.

Au bout de deux jours, il se roulait sur les tapis comme s’il n’eût jamais fait que cela. Il demandait toujours « maman », mais il s’accrochait aux jupons de la femme de chambre.

Sous la surveillance de Fanny, il faisait des parties avec M. Édouard. Celui-ci avait des quantités de jouets qui remplissaient une chambre destinée à ses ébats. Les clowns, les musiciens, les soldats, les brillants polichinelles émerveillaient Pépé qui aidait M. Édouard à les déchirer et à leur couper la tête, pour voir ce qu’ils avaient dedans. Un singe automate, qui battait le tambour en remuant la queue, le réjouissait d’une façon particulière. S’il s’approchait de la fenêtre pour voir voltiger les flocons de la neige ce n’était plus avec ce sentiment de malaise et de terreur que le pauvre petit avait subi sans s’en rendre compte, mais avec une sensation irréfléchie de bien-être, parce qu’il était à l’abri.