Page:Monteil - Histoire du célèbre Pépé, 1891.pdf/147

Cette page a été validée par deux contributeurs.
141
LA MAISON DE L’HIVERNAGE

piste du cirque et tout autour se dressaient des échelles et des portiques soutenant des trapèzes et des anneaux.

Les artistes, vêtus de leur maillot s’ils faisaient des tours, en blouse quand ils dressaient les animaux, passaient leur journée entière dans le manège.

Ils levaient de lourds altères, ils pliaient leurs reins, ils sautaient pour que leur jarret gardât son élasticité comme le reste du corps. Les écuyères travaillaient sur leur cheval, le cheval lui-même se dressait. Bêtes et gens répétaient journellement leurs rôles.

Pépé put voir alors le mystérieux signal auquel l’animal dressé obéissait. Quand Alcindor montait Zéphyrin, son beau pur sang, Pépé avait cru que le cheval était guidé par son oreille et qu’il saisissait la mesure de la valse ou de la polka ; il sut qu’il n’obéissait qu’à de légères pressions de la jambe du cavalier.

Et il en fallait des coups de cravache pour amener un Zéphyrin à un changement de pied à pouvoir être monté en haute école ! Alcindor en devait passer des journées d’hiver sur son cheval !

Et ce n’était pas tout ! l’âne Barbasson que Pépé avait cru si intelligent quand il s’arrêtait devant les jeunes filles, les chiens et les singes qui découvraient si bien la bourse enfouie dans la sciure de bois du cirque, toutes ces braves bêtes n’obéissaient qu’à des signes que, sans en avoir l’air, Alcindor leur faisait du bout de sa chambrière dont le fouet traînait ou se relevait, claquait parfois quand l’animal avait une hésitation.