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HISTOIRE DU CÉLÈBRE PÉPÉ

que moi, comme Cocherie, comme Bidel, nous ne sommes pas de la petite bière, nous sommes de gros industriels… Mais va voir les autres…

— Il ne s’agit pas de ça, dit Coralia. Cet enfant est trempé encore et excessivement malpropre. Il mourait de faim tout à l’heure, et je lui ai donné de la soupe. Il va manger avec nous.

— Hé bien, qu’il mange, dit Alcindor.

Et il quitta son habit bleu et passa une vareuse. Les artistes, hommes, femmes, enfants, disparaissaient dans des cabines de toile, et de brillants qu’ils étaient, ils se métamorphosaient en gens vêtus avec les mêmes paletots, les mêmes pantalons et les mêmes blouses que tout le monde. Pépé les avait proclamés splendides, admirables, et il les trouvait d’autant plus laids à présent.

Ils se réunirent dans un coin, derrière les chevaux et les ânes, autour d’une table ; on apporta de grandes soupières et d’immenses platées où chacun se servit, coupant de gros morceaux de pain, mordant à belles dents, jetant les os aux chiens.

— Mange, Pépé, dit Coralia.

Pépé mangea d’excellent appétit. Un beau gros caniche, bien lavé, bien peigné, bien frisé, était près de lui, sa tête sur ses genoux et le regardait avec des yeux humains et compatissants. Il le caressa et lui donna ses restes.

— Moutonnet m’a l’air d’avoir pris de suite Pépé en amitié, dit Alcindor. C’est bon signe : Moutonnet n’aime que ceux qui ont du cœur.