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JOURNAL DU MARQUIS DE MONTCALM

notre batterie établie sur la grève de quelques pièces de canon, qui en imposa aux barques angloises, qui depuis n’ont plus osé paroître que de fort loin. La journée fut employée à débarquer les vivres, l’artillerie, et en former un dépôt. Le sieur Pouchot reçut ordre de ne plus faire aucun service que celui d’ingénieur, et d’aider le sieur Desandrouins, le seul qui restoit.

Le même jour 12, nos travailleurs achevèrent de perfectionner le chemin de l’artillerie qui avoit été fait la veille, et nos sauvages, qui nous ont servis avec zèle, arrêtèrent deux sauvages des Cinq-Nations, nous remirent les lettres que le colonel Mercer, commandant dans Chouaguen, écrivoit pour accélérer un secours de deux mille hommes ; elles étoient datées de quatre heures du matin, et le marquis de Montcalm les avoient à neuf heures avec deux états très exacts de la force de la garnison et des malades.

Le soir même du 12, on commanda trois cents travailleurs, soutenus par deux compagnies de grenadiers, et trois piquets aux ordres de MM. de Bourlamaque et de l’Hôpital, pour l’ouverture de la tranchée. On commanda cent Canadiens avec M. Des Ligneris et Villiers, et les sauvages, pour se porter sur la gauche, couverte de bois, et faire un feu considérable dans le cas où l’ennemi découvriroit nos travailleurs. Cette précaution fut inutile. Le travail qui ne put être commencé qu’à minuit, se fit sans aucune interruption, et ce qui peut-être pour des sauvages est le plus à admirer, c’est la tranquillité avec laquelle ils passèrent toute une nuit au même poste sans tirer un coup de fusil. Au jour, les ennemis s’aperçurent que nous avions fait une parallèle