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JOURNAL DU MARQUIS DE MONTCALM

Le 8, M. de Rigaud partit avec tous les sauvages et environ cinq cents Canadiens, pour aller en deux jours à une anse appelée l’Anse-aux-Cabanes, à trois lieues et demie de Chouaguen. Les sieurs Mercier et Desandrouins marchèrent avec lui, avec ordre d’aller avec un petit détachement à une autre anse qui étoit à demi-lieue de Chouaguen, pour savoir s’il y auroit possibilité d’y débarquer, et si l’on pouvoit pratiquer un chemin pour conduire l’artillerie. Le même jour 8, le régiment de Béarn avec la grosse artillerie arriva à la baie de Niaouré, et reçut ordre de n’en partir que le 10 pour se rendre le 11 à la rivière à la Famine, et entrer dedans pour n’être pas découverts, et y attendre de nouveaux ordres. Le marquis de Montcalm partit avec la première division le 9 au matin, et laissa un piquet de Guyenne et quatre-vingts miliciens pour garder les fours qu’il avoit fait construire à la baie de Niaouré, et son dépôt de vivres ; il y laissa aussi un certain nombre de bateaux avec deux officiers réformés employés à la suite des troupes françoises pour y conduire les convois.

La marche se fit avec beaucoup de précaution, restant le jour dans les anses, et couvrant les bateaux de branchages et feuillages, les soldats n’ayant que des petits feux dans les bois, qui ne pussent pas être découverts. Le marquis de Montcalm arriva à l’Anse-aux-Cabanes dans la nuit du 9 au 10, quelques heures après l’arrivée de son avant-garde, et avoit su qu’elle avoit pris poste. Il avoit laissé reposer seulement ses troupes quelques heures à la rivière aux Sables. Comme à son arrivée il apprit que l’anse à une demi-lieue de Choua-