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JOURNAL DU MARQUIS DE MONTCALM

le remarque, parce qu’il n’y a que quelques jours nous avions très froid.

Du 9 mai 1756. — Les vents étant debout, par conséquent absolument contraires avec assez de force, nous avons resté au mouillage de Suer (sic) à deux lieues de la traverse du Cap-Tourmente, passage dangereux ; quand même le vent seroit favorable, on attend pour le passer que le flot aide. C’est à ce passage que L’Éléphant, commandé par M. le marquis de Vaudreuil, aujourd’hui lieutenant général des armées, fit naufrage ; heureusement personne ne s’y noya ; mais le vaisseau fut perdu avec une partie des effets ; et le même accident pensa arriver l’année dernière, par la faute du pilote, au vaisseau L’Actif, commandé par M. de Caumont.

Du 10 mai 1756. — Le temps étant toujours contraire, j’ai voulu me rendre à Québec par terre en abordant en chaloupe à un endroit appelé la Petite-Ferme, où l’on m’avoit assuré que je trouverois des calèches ; mais n’ayant pu y aborder, malgré les indications qu’on nous avoit données, faute de connoître une petite rivière qui y mène, j’ai été jusqu’à la Grande-Ferme. Je n’y ai trouvé que des charrettes ; on m’a assuré que je ne pourrois m’y rendre dans le jour, et qu’il y auroit du danger à passer le Sault-de-Montmorency qui a grossi par la fonte des neiges. J’ai pris mon parti de rejoindre la frégate qui avoit appareillé sur les onze heures, pour, en louvoyant et profitant du flot, venir au pied de la traverse, où elle a mouillé sur les deux heures après avoir fait trois lieues.