village des Éboulements, ainsi nommé à cause de cet événement.
Le Gouffre que nous venons de passer, est formé par le rétrécissement que causent au lit de la rivière l’Île-aux-Coudres et une batture qui s’étend depuis la pointe de l’Est de cette île jusque par le travers du Cap-Tourmente qui en est à sept lieues. Il ne faut s’engager dans ce trajet que lorsque l’on a un vent fait et du flot ; autrement, si on y étoit pris en calme, le courant vous briseroit contre la côte, et quoiqu’il y eut calme, il seroit impossible de jeter l’ancre, parce que le travers de l’île et environ une lieue en delà, le fond est de roche. Le Gouffre ne commence que vers le milieu de l’Île-aux-Coudres, après avoir passé le mouillage de la prairie de l’Île-aux-Coudres qui est fort bon, et où l’année dernière M. Dubois de la Motte, commandant l’escadre destinée à porter du secours en Canada, a resté cent et quelques jours.
Le calme nous ayant pris sur les deux heures, nous avons mouillé par dix-sept à dix-huit brasses entre le cap Maillard et le Cap-Tourmente. Depuis le Cap-Tourmente jusqu’à Québec, la côte présente le plus beau pays du monde, et elle est très cultivée et remplie d’habitations. Du côté du Sud, elle commence à offrir un beau pays depuis Kamouraska, et il y a une paroisse de deux en deux lieues.
Une chaloupe du port de Québec, qui va porter des vivres à un poste que nous avons au cap des Rosiers, nous a confirmé la nouvelle que le Héros étoit devant nous ; mais quoiqu’à l’Île-aux-Coudres depuis dimanche, il n’avoit doublé le Cap-Tourmente que ce matin,