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JOURNAL DU MARQUIS DE MONTCALM

Du 25 avril 1756. — Les vents continuant à être debout, nous louvoyons, et nous sommes par les 43 degrés 8 minutes de latitude.

Du 26 et du 27 avril 1756. — Les vents ont molli, mais toujours contraires sur le midi, les vents étant devenus nord-est, ils nous ont dirigés dans notre route. Sur le soir, ils ont passé au sud-ouest, et continuent aujourd’hui 27, par un beau temps ; comme ils ne sont pas forts, nous faisons peu de chemin ; n’importe, c’est toujours heureux, car c’est aller en route.

Du 27 et du 28 avril 1756. — Les vents ayant fraîchi, nous avançons en route, nous avons aperçu sur le soir un banc de glace, à l’avant de nous, de plus de trois cents pieds de haut. Ces bancs rendent la navigation de ces mers difficile, d’autant que par la brume, il n’est pas aisé de les apercevoir, et un vaisseau qui les rencontreroit se briseroit. Nous avons vu beaucoup d’oiseaux ; on s’est amusé à les tirer. Nous avons trouvé fond à la sonde de minuit par trente-cinq brasses, la mesure de la brasse est de cinq pieds. Nous avions sondé inutilement à six heures du soir. Ainsi nous voilà assurés d’être sur le Grand-Banc. Après 25 jours de navigation, nous avons banqué, comme disent les marins, par les 43 degrés et 10 minutes de latitude. Nous allons diriger notre marche pour gagner le Banc-Vert.

Du 28 à six heures du matin : la sonde a été de même par trente-cinq brasses ; le vent favorable, la mer calme et belle, ce qui est l’ordinaire sur le Grand-Banc. On appelle banquer quand on arrive sur le Grand-Banc, et débanquer quand on en sort. Nous