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JOURNAL DU MARQUIS DE MONTCALM

Du 22 avril 1756. — Les brumes, des oiseaux de plusieurs espèces, comme pingouins, goélands, un loup marin que nous avons aperçu, tout semble nous indiquer les approches du Grand-Banc cependant, comme après avoir sondé plusieurs fois, nous n’avons pas trouvé le fond, que nous ne pouvons prendre hauteur, et que nous sommes dans l’incertitude sur notre véritable route, et que nous croyons avoir dépassé la pointe du Grand-Banc, ignorant cependant si nous sommes à l’ouest ou à l’est, nous avons commencé à midi à porter le cap sur l’est, en faisant sonder de six en six heures, parce que si nous sommes à l’ouest du Grand-Banc, nous devons le retrouver, et si nous sommes à l’est, nous regagnerons vers la France, et après avoir porté le cap vers l’est, pendant trente à quarante lieues, nous recourrons vers l’ouest tâcher de trouver ce Grand-Banc, qui nous fera un point fixe dans notre route, et il faut espérer que d’ici là les maudites brumes pourront se dissiper, et qu’il pourra revenir un temps plus favorable pour prendre hauteur, ce que nous n’avons pu faire depuis le jour de Pâques. Nous nous estimons au 43e degré 20 minutes de latitude.

Du 23 avril 1756. — Comme nous n’avons pas trouvé le Grand-Banc en tirant vers l’est, nous avons changé notre bordée et nous avons porté le cap à l’ouest.

Du 24 avril 1756. — Le calme ne nous avance pas ; les vents, comme disent les marins, sont au conseil ; Dieu veuille qu’ils le prennent bon pour nous !

Du même jour. — Sur le midi, les vents étant devenus nord-ouest et assez forts nous avons poussé dans le sud ; ce qui nous éloigne de notre route.