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JOURNAL DU MARQUIS DE MONTCALM

Du 18 avril 1756. — Les vents ont commencé à diminuer insensiblement depuis hier quatre heures après-midi ; le beau temps paroît nous arriver avec le jour de Pâques, et nous avons mis à la cape sur les six heures du matin pour nous moins éloigner de notre route, d’où nous sommes à cent vingt lieues ; nous nous en apercevons bien dans la différence du climat ; car nous étions vendredi matin à même de voir des bancs de glace, et nous sommes aujourd’hui dans un climat qui approche pour la température et la chaleur de celui de Naples et de Sicile. Nous avons eu la consolation d’entendre aujourd’hui la messe avec beaucoup de précaution en faisant tenir le calice par un matelot assuré. On ne peut s’exposer à dire la messe par un gros temps à cause des roulis ; aussi en avons-nous été privés pendant toute la semaine sainte. On est sur les vaisseaux d’une manière édifiante ; on y prie Dieu trois fois par jour, le matin, le soir avant que l’équipage soupe, et on dit les litanies de la Vierge à l’entrée de la nuit. À chaque fois on prie Dieu pour le Roi, pour l’équipage, et on termine toujours les prières par des cris de Vive le Roi. Les dimanches et les fêtes on dit vêpres sur le pont, afin que tout l’équipage puisse y assister, même sans quitter les manœuvres. Le soleil ayant paru à midi, nous avons pu prendre hauteur, ce que nous

    travers, ne nous emportât nos porte-aubans et nous enfonçât la frégate, ou nous fît d’autres avaries ou que la frégate ne se trouvât engagée lors des grains de vent qui venoient très fort et à tous moments. Le grand bout-dehors de la grande vergue de tribord avoit été emporté par un coup de mer.