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JOURNAL DU MARQUIS DE MONTCALM

Aussi M. Hocquart a-t-il été vingt ans intendant en Canada sans avoir augmenté sa fortune, contre l’ordinaire des intendants des colonies qui n’y font que de trop grands profits aux dépens de la colonie.

M. le marquis de Conflans, lieutenant général des armées navales, commandoit l’escadre à la rade de Brest, ayant avec lui M. le chevalier de Bauffremont, chef d’escadre il étoit monté sur le Soleil-Royal, vaisseau de quatre-vingts pièces de canon, qui passe pour le plus beau de l’Europe, ayant du canon de trente-six. On ne sait point si cette escadre est destinée à agir. Jusqu’à présent elle ne doit être composée que de sept vaisseaux qui sont en rade et de cinq qu’on attend de Rochefort. M. de Conflans croit toujours, ou du moins le dit, que son escadre sera composée de vingt vaisseaux de ligne et de beaucoup de frégates qui sont actuellement employées à garder les côtes. Cette escadre est si peu équipée, soit lenteur ou défaut de matelots, qu’encore que M. de Conflans ait reçu ordre d’envoyer deux vaisseaux de guerre à la découverte des Anglois, pour assurer notre sortie de Brest, il ne s’est pas cru en état de le faire. M. le comte de Conflans est un de nos officiers-généraux de marine des plus considérés, qui joint à sa naissance beaucoup d’expérience et d’être le seul officier qui, dans le courant de la dernière guerre, ait combattu avec succès et avantage les Anglois et leur ait pris deux vaisseaux.

Du 2 avril 1756. — Au moment que j’allois m’embarquer, j’ai reçu une lettre de M. le garde des sceaux pour m’apprendre qu’il avoit envoyé un ordre pour faire armer sur la frégate, qui me passe, M. de la Devèze,