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JOURNAL DU MARQUIS DE MONTCALM

M. de Bourlamaque pour commander en troisième avec le grade de colonel.

M. le chevalier de Lévis étoit capitaine dans la marine, avoit servi comme aide-maréchal des logis de l’armée d’Italie et y avoit obtenu une commission de colonel en 1746. Il est de la branche de Lévis-Ajac. S. M. le Roi de Pologne, dont il est chambellan, a bien voulu lui conserver sa place. M. de Bourlamaque étoit capitaine aide-major du régiment Dauphin et avoit la charge d’aide de cérémonie.

Je crus devoir accepter une commission aussi honorable que délicate qui assuroit la fortune de mon fils, objet intéressant pour un père, commission que je n’avois ni désirée ni demandée[1].

Comme les ordres du ministre étoient pressants, je partis le 6 février, j’arrivai à Paris le 12 ; je fus le 13 à Versailles. M. le comte d’Argenson me présenta ce jour-là à Monsieur le garde des sceaux et ministre de la marine, dans le ministère duquel j’entrois, le ministre de la marine étant chargé de tout ce qui regarde les colonies.

  1. M. le maréchal de Richelieu et le président Molé, à qui je ne puis qu’en être très obligé, avoient demandé à M. le comte d’Argenson qu’une compagnie qui étoit destinée dans le régiment de Montcalm à mon fils aîné, fut donnée au chevalier de Montcalm qui n’a que douze ans et demi. Je l’ai trouvé trop jeune, voulant qu’il finît ses études. J’ai prié le ministre de dire ma façon de penser au Roi, et j’eus été fort aise que l’on ait disposé de cette même compagnie en faveur du comte de Bernis, neveu de l’abbé de Bernis. On m’a flatté qu’à quinze ans on pourroit faire le chevalier de Montcalm capitaine réformé, et que cette compagnie pourroit lui revenir un jour, le comte de Bernis ayant un bon du Roi pour être colonel des grenadiers de France.