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AVANT-PROPOS

doute ; on peut pardonner à des gens qui voient leur bravoure et leurs efforts inutiles, par suite du désordre qui règne dans l’administration et du manque de probité chez ceux qui ont la gestion des finances ; on peut leur pardonner, disons-nous, leurs plaintes amères contre ceux qu’ils regardent, à juste titre, comme la cause première de leurs défaites et de la ruine d’un pays qu’ils sont chargés de défendre. Sous leurs attaques, on voit combien ils étaient aigris par le malheur. Les premiers d’entre eux, Bougainville, Montcalm, sont portés à croire facilement à la mauvaise volonté de tout le monde à leur égard[1] Les actions les meilleures leur semblent avoir un but intéressé[2]. Leur défaut est de trop généraliser leurs accusations. On leur pardonnera cette exagération en songeant que le malheur rend injuste et, que pour un soldat, la défaite est le plus grand des malheurs.

  1. Voir notamment les 26 et 27 juin 1758.
  2. Voir au 20 juin 1759, quand M. Bigot fait briser sa vaisselle d’argent pour acheter des subsistances.