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JOURNAL DU MARQUIS DE MONTCALM

gosier et leur ouvrir les oreilles. Il leur a accordé leurs besoins ; il leur a dit qu’ils avoient trop d’esprit pour n’avoir pas reconnu l’artifice des Anglois, accoutumés à les tromper ; que l’Anglois les craignoit trop pour oser les frapper ; qu’il n’y a que le faible qui menace ; que le puissant frappe sans menacer ; qu’en tout cas, si les Anglois les attaquoient, le général qui a rasé Chouaguen sauroit les défendre. Et alors on a présenté aux nations le général qui étoit à côté de M. le marquis de Vaudreuil. M. le marquis de Vaudreuil leur a parlé du bon procédé de ce général pour les sauvages des Cinq-Nations, qui, lors du siège, avoient été trouvés porteurs des lettres des ennemis, en les renvoyant avec générosité, exemple qui n’eût pas été imité de l’Anglois. Il leur a parlé aussi des forts détruits par l’Anglois et de la bonne réception faite par le général de Chouaguen à ceux des Cinq-Nations qui étoient venus le voir, encore qu’ils n’eussent point de part au succès de cette entreprise.

L’orateur s’est alors levé et a dit : « Mon père, nous avons appris les premiers aux Anglois que défunt Chouaguen n’existoit plus ; ils venoient avec leur armée. Nous leur avons si fort dit que les guerriers étoient aussi nombreux que les feuilles des arbres, que rien ne pouvoit leur résister ; et ils ont vu si peu de disposition en nous, qu’ils ont détruit leur fort d’entrepôt, n’en ayant plus besoin. Ainsi, mon père, nous avons eu au moins part aux bonnes affaires, ne fût-ce que pour avoir porté à l’Anglois des nouvelles qui l’ont autant étonné, et qui l’ont déterminé à t’éviter