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JOURNAL DU MARQUIS DE MONTCALM

qu’il y a en Canada a fait que les troupes ont en général manqué à Chambly et aux Trois-Rivières.

La récolte ayant été beaucoup plus mauvaise qu’on ne croyoit, on est embarrassé pour les subsistances. Aussi, pour ménager celles qui sont dans les magasins du Roi, on a proposé aux habitants des côtes qui voudroient nourrir leurs soldats, de leur donner dix sols par jour ; ce qui a été accepté par quelques quartiers.

À Québec, le peuple y manque, pour ainsi dire, de pain, et l’on a été obligé de mêler la farine de pois et d’avoine.

Le Canadien et le soldat s’accommodent très bien ensemble ; le soldat vit assez sagement. Mais comme on ne sauroit avoir trop de sévérité dans des cantonnements où les soldats sont logés, deux au plus dans les maisons d’habitants, hors de la vue de leurs officiers, l’on a fait passer par les verges un soldat à Varennes qui avoit pris un dindon.

Les trois derniers bâtiments pour la France, savoir : L’Abénaquise, frégate du Roi, le Beauharnois et les Deux-Frères, vaisseaux marchands, sont enfin partis avec les derniers paquets pour la cour.

Le 15, un vent de nord-est et de la neige avoient fait craindre qu’ils ne fussent forcés d’hiverner dans les glaces. L’Abénaquise a l’apparence d’un vaisseau de cinquante canons ; on ne lui a donné que … canons de fer et … canons de bois.

M. Dumuys, enseigne de la colonie, arrivé le 21, nous confirme toujours le grand effet que la prise de Chouaguen a fait sur l’esprit des sauvages d’En-Haut. Cela a relevé le courage des nôtres et a abattu celui de ceux