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un air si doux, si riant animoit ses traits, qu’il étoit impossible d’être plus jolie. Ah ! s’écria l’Amitié, voilà mon aimable fille : viens, charmante enfant, viens, tu réunis dans tes traits et dans ton caractère tout ce qui fait le charme des sociétés nombreuses et des unions particulières. Presse-toi sur mon cœur ! va, tu seras toujours plus nécessaire que l’Amitié à l’homme civilisé. Les cœurs sensibles ont besoin du sentiment, mais les humains en général n’ont besoin que de l’Indulgence. Que dis-je ? ajouta l’Amitié, avec une sorte de transport, ah ! les plus tendres amans, les plus heureux époux, les amis les plus fidèles doivent et devront sans cesse le bonheur aux soins journaliers de l’aimable Indulgence. Mérite ne put blâmer sa charmante moitié d’une préférence aussi juste. Eh ! qui de nous, foibles mortels, ne sait pas que dès que l’Indulgence fuit la société, la satyre, l’aigreur, l’envie et la haine parviennent bientôt à la détruire ?