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jamais la possession. Malheur à nous si elle continuait à être pour eux l’objet d’une défiance absurde ou d’une indifférence coupable ! C’est un instrument admirable et irrésistible ; mais à une condition toutefois, c’est qu’on veuille et qu’on sache s’en servir.

Cette constitution effraie les plus perfides de nos ennemis qui préparent déjà le sacrifice de la Charte à la philosophie [1].

Cette constitution nous fournit le moyen de contraindre le pouvoir à se prononcer devant la France, l’Europe et l’Église, entre le système belge qui sauve la religion par la liberté, et le système russe qui, un peu moins généreux que M. Villemain, ne laisse pas même aux pères de famille la ressource des précepteurs domestiques [2].

Cette constitution nous garantit la liberté de la presse, la liberté de la tribune et le droit de pétition.

Avec ces armes-là, mais bien moins assurées que

  1. « Il y a quelque chose qui vaut mieux pour nous que la Charte elle-même, c’est l’esprit philosophique dont elle a consacré les droits et résumé les conquêtes. » Journal des Débats, du 13 septembre 1843.
  2. En Russie nul ne peut exercer les fonctions de précepteur, ni même de gouvernante, sans l’autorisation du ministère de l’instruction publique. C’est le beau idéal de l’éducation par l’État. Voir le rapport du ministre Uwaroff à l’empereur pour l’année 1812. Il lui apprend que sur 60 millions de sujets russes, il n’y a que 1554 précepteurs des deux sexes. Gazette d’Augsbourg, du 20 juillet 1845.