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Dans les premiers temps de son administration on a pu encore se bercer de quelques espérances ; mais elles ont dû disparaître sans retour lors de la présentation du projet de loi de 1841, qui a si cruellement trompé l’attente des prélats distingués, dont on avait demandé l’avis et obtenu l’adhésion conditionnelle, en manifestant des dispositions démenties par le texte et l’esprit de ce projet. Depuis lors, les actes et les paroles de M. Villemain ont porté l’empreinte d’une hostilité avouée et systématique contre la liberté promise par la Charte et réclamée par la religion. Je le répète, cette inimitié patente est un grand bien ; elle simplifie la situation ; elle éloigne une solution insuffisante et dangereuse ; on se serait peut-être laissé trop facilement entraîner à traiter avec la faiblesse bienveillante, avec cette politique mielleuse qui cache sa misère morale sous le voile des bonnes intentions, qui semble s’associer par ses phrases à vos vœux pour un meilleur avenir qu’elle prend à tâche d’ajourner indéfiniment par ses actes. Avec M. Villemain, du moins, on est à l’abri de ce danger ; car, où est le catholique, où est le prêtre, où est l’évêque assez hardi pour se fier à la parole de l’homme qui a déclaré publiquement au roi que l’enseignement de l’Université était irréprochable ?

Qu’on me pardonne la sincérité de mon langage ! je ne parle pas ici à la tribune, je ne suis point astreint aux ménagements parlementaires, je ne