Page:Montalembert - Du devoir des catholiques dans la question de la liberté d’enseignement.djvu/52

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
48

tions catholiques à la tribune des deux chambres, ce n’est plus, dans ces mêmes journaux, qu’un concert d’éloges et de compliments. On le distingue même soigneusement de ses collègues ; ses moindres actes sont entourés de sympathie ; ses moindres paroles recueillies avec une sollicitude touchante ; tant il est vrai que pour tous ces prétendus libéraux, quelles que soient d’ailleurs leurs distinctions d’origine, de position ou même de patrie, l’inimitié contre les droits et les institutions de l’Église catholique établit toujours une alliance instinctive et intime. Si ses collègues voulaient aujourd’hui se débarrasser de lui, il deviendrait aussitôt l’idole d’une popularité redoutable ; s’ils tombent, et qu’il ait envie de leur survivre, nul doute qu’il ne le puisse à son gré : l’extrême facilité avec laquelle il s’est associé à la même politique qu’il flétrissait si énergiquement sous la coalition, ne permet pas de craindre qu’il se laisse arrêter par les légères différences qui pourront exister entre le ministère actuel et celui qui le remplacera un jour. Je suis convaincu que, tant que le pouvoir ne voudra pas accorder franchement la liberté de l’enseignement (et il ne le voudra jamais à moins d’y être contraint), M. Villemain sera le chef et l’âme de la résistance. J’ajouterai, pour ma part, que j’en félicite sincèrement la cause de la liberté, parce qu’en présence d’un tel adversaire on ne songera plus, sans doute, à des transactions, ni à des concessions funestes, qui