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bouche de MM. Michelet[1], Pierquin de Gembloux[2], Libri[3] et Quinet[4], il faut être volontairement aveugle pour ne pas savoir à quoi s'en tenir

  1. Leçons au Collège de France, publiées depuis par lui-même. M. Michelet a été longtemps professeur d’histoire dans un collège de Paris, puis maître de conférences pendant huit ans à l’École normale, où il a formé l'élite des jeunes professeurs de l’Université actuelle. Il dit de lui-même dans sa leçon du 26 mai (p. 75) : « On me connaissait dès lors par mes livres, et par mon enseignement de l’École normale, enseignement que mes élèves répandaient sur tous les points de la France.
  2. Discours contre les Jésuites, au Collège de Nevers. M. Pierquin est inspecteur de l’Académie de Bourges
  3. Revue des Deux Mondes, du 1er mai et du 15 juin 1843. M. Libri est professeur à la Faculté des Sciences de Paris, et depuis ses deux manifestes contre le clergé et la doctrine catholique, il a été nommé professeur au collège de France.
  4. Leçons du Collège de France, publiées par lui-même. M. Quinet a été professeur à la Faculté des Lettres de Lyon, avant d’être appelé au Collège de France, qui ne relève pas directement de l’Université. Il a, du reste, dans la susdite leçon, parfaitement posé la question qui nous occupe, en ces termes : « Quel est, selon l’esprit des institutions nouvelles, le droit de discussion et d’examen dans l’enseignement public ? En termes plus précis encore, un homme qui enseigne ici publiquement au nom de l’État, devant des hommes de croyances différentes, est-il obligé de s’attacher à la lettre d’une communion particulière, de porter dans toutes ses recherches cet esprit exclusif, de ne rien laisser voir de ce qui pourrait l’en séparer même un moment ? » Et il répond comme de raison par la négative ce qui l’autorise à annoncer à ses élèves un « Évangile renouvelé par les penseurs, les écrivains, les poëtes, les philosophes au Christ agrandi, renouvelé, sorti comme une seconde fois du sépulcre. » La logique de M. Quinet est sincère, et nous le croyons conséquent avec les bases actuelles de l’Université. Il a dit avec la franchise que comporte sa position ce qui est déguisé dans l’enseignement de l’ordre inférieur, et plus contrôlé que le sien. Il faut observer d’ailleurs que ni lui ni aucun des trois autres orateurs qui sesont constitués les défenseurs de l’Université, n’ont reçu la moindre marque d’improbation ou le moindre avertissement public de la part du Ministre qui, peu de jours auparavant, déclarait au roi que l’enseignement universitaire était irréprochable.