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moment la question de la liberté d’enseignement, et de passer en revue les motifs de satisfaction et d’alarmes qui doivent dériver pour nous des discussions récentes.

Le premier et le plus décisif des avantages que nous avons obtenu a été d’avoir frappé l’attention en soulevant un vaste coin du voile sous lequel se dérobaient, aux yeux des observateurs superficiels ou insouciants, la véritable nature de l’enseignement universitaire et les véritables dispositions de ses organes. Il est peu de catholiques, je pense, qui aient pu conserver des illusions à ce sujet, après la publication si providentielle des fragments posthumes de M. Jouffroy ; il en est peu qui soient restés sourds à l’avertissement contenu dans les paroles mémorables où cet infortuné, si vanté et si regretté par nos adversaires, a raconté quel avait été pour lui le résultat de la science qu’il enseignait au nom de l’État à la jeunesse française. « La divinité du christianisme une fois mise en doute à mes yeux,… je sus alors qu’au fond de moi-même il n’y avait rien qui fût debout, que tout ce que j’avais cru sur moi-même, sur Dieu et sur ma destinée en cette vie et en l’autre, je ne le croyais plus… Puisque je rejetais l’autorité qui me l’avait fait croire, je ne pouvais plus l’admettre[1] ! » Elles resteront ces paroles, malgré les

  1. Pages 113 et 115 de l’édition posthume, avant les coupures faites par MM. Cousin et Damiron.