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sœurs de charité, par cette bureaucratie insatiable qui ne connaît d’autre idéal que l’uniformité et qui voudrait substituer partout la bienfaisance officielle surveillée par un comptable, à la charité pratiquée par des chrétiens.

Voici maintenant le tour de l’éducation, du libre exercice de la puissance paternelle, que l’État, sous la figure de l’Université, vient dérober à l’Église et confisquer à son profit. L’épiscopat et le clergé français peuvent-ils ne pas résister à cette dernière usurpation, qui envahit directement le domaine de la conscience et qui sacrifie à l’idole politique la portion la plus délicate, et jusqu’à nos jours la plus respectée du troupeau chrétien ? Peuvent-ils abandonner un droit à la fois inhérent à leur constitution divine et garanti par l’esprit et la lettre de la loi fondamentale du pays ? Plaise au ciel qu’une pareille faiblesse ne puisse jamais leur être reprochée ; car du moment où l’Eglise reconnaîtrait qu’elle a perdu ce droit, elle aura rendu les armes à l’esprit moderne, elle aura subi une défaite non moins funeste pour le salut et, le bonheur de l’humanité que celle où le despotisme des souverains, l’astuce des légistes et l’ingrat orgueil des savants lui ont dérobe la noble fonction de juge entre les Peuples et les rois.