Page:Montalembert - Du devoir des catholiques dans la question de la liberté d’enseignement.djvu/21

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

on force des millions de parents catholiques à conduire eux-mêmes leurs enfants à cette source où ils s’abreuveront de doctrines directement contraires à la foi. Je ne crains point de le dire : cette épreuve, quoique exempte de violences extérieures et de persécution déclarée, est la plus terrible et la plus dangereuse à laquelle aient été jamais soumis les membres de la vraie Église[1] ».

Il ne s’agit pas d’ailleurs ici de dénoncer ou de démontrer le mal : les familles chrétiennes savent maintenant à quoi s’en tenir. Il s’agit seulement d’examiner en quelques mots la nature du remède et les moyens de l’appliquer.


IV


Vouloir refaire de la France un État catholique, telle qu’elle l’a été depuis Clovis jusqu’à Louis XIV, ce serait une tentative aujourd’hui impossible et qui, nous ne craignons que trop, ne se réalisera jamais : mais conserver ce qui reste de catholicisme en France, et fortifier par tous les moyens légitimes l’empire purement moral de la Religion sur les individus et sur les familles qui la professent encore ; défendre les foyers qui n’ont pas encore été atteints contre l’envahissement de la conta-

  1. Lettre publique du 22 mai 1843.