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fession publique de la piété catholique dans toute son étendue. Et qui serait insensé pour vouloir établir que sous la Restauration la France était plus religieuse qu’aujourd’hui ? Non, il faut le reconnaître, quoiqu’il en doive en coûter à notre cœur et à notre patriotisme, cet athéisme officiel, qui distingue aujourd’hui la France de toutes les autres grandes nations du monde, n’est que l’expression trop fidèle de la société française, telle qu’elle est sortie du travail intellectuel et politique des deux derniers siècles. Un pareil état de choses peut sembler satisfaisant ou indifférent aux esprits qui se qualifient de philosophiques, aux pontifes de la diplomatie ou de l’industrie, ou à ces réformateurs démocratiques qui ont habitué leurs adeptes à regarder chaque ruine comme un progrès ; mais il ne peut qu’exciter la douleur et l’indignation de tout ce qu’il reste encore de catholiques en France et dans le monde. Ils n’ont pas toujours à s’expliquer sur l’origine primitive d’un pareil état : mais il leur importe toujours de reconnaître et de dénoncer les causes qui le font durer.

Or, le raisonnement et l’expérience démontrent à l’envi que la raison principale et permanente de l’irréligion publique en France, se trouve dans l’éducation actuelle de la jeunesse, telle que l’État en a constitué le monopole. L’ensemble des institutions d’instruction publique, qui forme l’Université de France, et au dehors duquel un despotisme usurpé