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« Quelques jours après, lui ayant daté un mémoire pour présenter au Sénat, il me l’apporta écrit de la main de mon second secrétaire : je luy demanday pour lors s’il estoit incommodé ;… il me répondit en ricanant que non, mais que cette main là estoit plus belle que la sienne. Ce fut là le terme de ma patience ; je le renvoyay fort doucement le récrire, luy fis présenter le mémoire l’après-midi et le fis venir dans mon cabinet ;… je luy signifiay qu’il n’estoit plus à mes gages… j’ordonnay à mon second secrétaire de faire avec lui l’inventaire de ma secrétairerie : … la chose faitte, je l’envoyay chercher pour luy donner ce que je luy devois. Son compte a été fait sur l’exposé écrit de sa propre main… et il ne me laissa pas luy donner les connoissances de ce compte-là ; en entrant dans mon cabinet, luy disant que j’allois faire son compte, il me dit qu’il seroit fort injuste, qu’il estoit fait selon ma volonté, et fort juste selon ses prétentions. À la vérité, ma tête s’échauffa à ce propos, et je luy dis qu’il auroit esté un temps qu’un insolent comme luy seroit sorti de mon cabinet par la fenêtre…, qu’il avoit toutes les mauvaises qualités d’un fort mauvais valet, et que je traiterois le compte qu’il m’avoit donné de son voyage sur ce pied-là… Il se porta à des insolences si grandes, en me disant qu’il ne recevoit point un compte de cette espèce, que je luy dis que, s’il ne finissoit pas ce ton là, en prenant le parti de quitter Venise, je luy ferois sentir jusqu’où s’étendoit mon autorité…,