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DÉMÊLÊS DU COMTE DE MONTAIGU


sion, la fit mal. Zustiniani battit la campagne, et Véronèse ne fut point renvoyé. J’étais piqué. L’on était au carnaval ; ayant pris la bahute et le masque, je me fis mener au palais Zustiniani. Tous ceux qui me virent entrer, ma gondole avec la livrée de l’ambassadeur furent frappés. Venise n’avait jamais vu pareille chose. J’entre, je me fais annoncer sous le nom d’una signora maschera. Sitôt que je fus introduit, j’ôte mon masque et je me nomme. Le sénateur pâlit et reste stupéfait : « Monsieur, lui dis-je en vénitien, c’est à regret que j’importune Votre Excellence de ma visite ; mais vous avez à votre théâtre de Saint-Luc un homme nommé Véronèse qui est engagé au service du roi et qu’on vous a fait demander inutilement : je viens le réclamer au nom de Sa Majesté. » Ma courte harangue fit effet. À peine étais-je parti que mon homme courut rendre compte de son aventure aux inquisiteurs de l’État, qui lui lavèrent la tête. Véronèse fut congédié le jour même ; je lui fis dire que s’il ne partait pas dans la huitaine, je le ferais arrêter, et il partit.


Il n’y a à retenir de ces allégations qu’un seul fait exact : c’est que les ambassadeurs étrangers et leur