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Cette idée lui parut même si heureusement trouvée, quoi que je pusse lui dire sur l’impossibilité, sur l’absurdité de son exécution, qu’il en fallut passer par là ; et tout le temps que j’ai demeuré chez lui, après avoir tenu note de quelques mots qu’il me disait dans la semaine à la volée, et de quelques nouvelles triviales que j’allais écumant par ci par là, muni de ces uniques matériaux, je ne manquais jamais le jeudi matin de lui porter le brouillon des dépêches qui devaient partir le samedi, sauf quelques additions ou corrections que je faisais à la hâte sur celles qui devaient venir le vendredi et auxquelles les nôtres servaient de réponses. Il avait un autre tic fort plaisant et qui donnait à sa correspondance un ridicule difficile à imaginer : c’était de renvoyer chaque nouvelle à sa source au lieu de lui faire suivre son cours.

En feuilletant la correspondance de l’ambassadeur, on s’aperçoit que ces passages ne sont pas si nombreux ni si considérables. Ce n’est là qu’une mauvaise plaisanterie qui put trouver son origine dans l’obligation où, par ce temps de guerre, était l’ambassade de profiter de tous les courriers en partance. Comme les dépêches de Versailles parvenaient