se passa même dans le port de Malamocco ; on en douterait si le procès-verbal de l’incident n’avait été déposé à la chancellerie de notre consulat[1]. À Venise, où l’on n’aimait ni la France ni les Français[2], l’opinion générale entraînait les esprits vers l’Autriche. Le Sénat était en immense majorité inféodé à la politique de cette puissance : plusieurs de ses membres poussaient l’attachement jusqu’au fanatisme : tels Capello[3], ambassadeur à Londres ; Erizzo[4], ambassadeur à Vienne ; Tron, ambassadeur à Versailles. Cette affection n’était fondée que sur leurs craintes. Dans une pareille situation, ajoute
- ↑ Ce procès-verbal a été envoyé avec une lettre du comte de Montaigu au marquis de Puyzieulx, le 22 décembre 1747.
- ↑ Il en était de même dans toute l’Italie. Notre chargé d’affaires à Bologne, Beroaidi, remercie, le 31 juillet, le comte de Montaigu des nouvelles consolantes qu’il lui a communiquées. « Opportunamente mi gingneranno sempre le nuove che Vostra Eccellenza mi graziera per consolare i Francesi che sono in Bologna abbatuti dalle solite loro milantarie. » À Rome la populace célébra l’élection du grand-duc de Toscane à l’empire par une manifestation antifrançaise. (Lettre de l’archevêque de Bourges à l’ambassadeur, 2 septembre 1745.)
- ↑ M. de Saint-Marc Girardin a fait de Capello un ambassadeur à Vienne ; l’erreur a été déjà relevée par M. Ceresole (ouvr. cité, p. 145.)
- ↑ M. de Castellane, notre ministre à Constantinople, raillait spirituellement le chevalier Erizzo dans une lettre à l’ambassadeur, du 15 novembre 1744 : «… Connoissant comme je fais son attachement pour la maison d’Autriche, il iroit à Vienne, je ne dis pas sans caractère, mais nud-pied s’il le falloit pour obliger cette puissance. »
nature. Je l’ai vérifiée, mon domestique n’a pas tort, et vous savez que mon intention n’est pas d’avoir des insolens dans ma maison ».