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ainsi dans un brouillon de lettre qu’il a laissé à Venise et qui a été conservé dans les papiers de l’ambassadeur. « L’air de Venise est si contraire à ma santé que, malgré toutes les bontés de M. l’ambassadeur, je ne suis que trop autorisé à regretter Paris[1]. » Le séjour de Venise faillit devenir fatal non pas à sa santé, mais à sa vertu.

Il prit sa bonne part des réjouissances du carnaval. « J’ai un peu dérangé ma philosophie pour me mettre comme les autres, de sorte que je cours la place et les spectacles en masque et en bahute tout aussi fièrement que si j’avais passé toute ma vie dans cet équipage…[2] », et il prit goût au jeu[3] ; il écrivit beaucoup de galanteries en vers et en prose. Sa place de secrétaire lui laissait de nombreux loisirs, qu’il aurait pu employer plus utilement. Un des brouillons qu’il abandonna nous permettra de publier une lettre inédite. L’écrivain a su y présenter une flatterie banale sous une forme agréable. Ce billet n’est pas daté et ne porte pas de suscription : il est probable qu’il était adressé à M. de Chavigny : « Aiant l’honneur d’écrire à Votre Excellence, au nom de M. le comte de Montaigu, voulez-vous bien agréer, Monsieur, que je vous donne aussi cette liberté au

  1. Brouillon de lettre écrit par J.-J. Rousseau, le 22 février 1744, et conservé dans les papiers de l’ambassadeur.
  2. Lettre publiée par Musset-Pathay (ouvr. cité, II, 476).
  3. Cf. la lettre déjà citée du comte de Montaigu à l’abbé Alary, août 1744.