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DÉMÊLÉS DU COMTE DE MONTAIGU

ressait de la diplomatie du Sénat et que le poste d’ambassadeur à Venise était plutôt une sinécure honorifique. La remarque tombe bien à faux de 1743 à 1747, c’est-à-dire en un temps où le marquis d’Argenson dirigeait la politique extérieure de la France. Chacun sait la place que les affaires d’Italie tenaient dans les projets du marquis. Il demandait à ses agents dans la péninsule une active propagande, pour ramener ou amener à l’alliance française tous les gouvernements italiens. Nulle part la tâche n’était plus difficile qu’à Venise, République voisine des États autrichiens, rattachée à la maison d’Autriche par les liens d’une amitié séculaire. L’active correspondance du marquis et de son ambassadeur (1re  partie de l’Inventaire) suffirait à montrer que le dédain de J.-J. Rousseau pour la diplomatie de la République n’est pas justifié. Il faut signaler encore l’extrême importance de ce poste comme agence générale de renseignements pour l’Orient, la Turquie, la mer Noire et l’Égypte. Par suite de ses relations maritimes, Venise était devenue le rendez-vous des courriers que les gouvernements européens expédiaient à Constantinople ou au delà, et le passage le plus facile qu’il y eût pour en recevoir des nouvelles. Aussi, l’ambassade de France à Venise, en dehors de son œuvre diplomatique proprement dite, avait-elle pour tâche de centraliser les renseignements qui lui parvenaient de Constantinople, d’Alexandrie, de Perse, etc.