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ET DE JEAN-JACQUES ROUSSEAU

et il en usa secrètement pour amener la disgrâce de son adversaire.

Le marquis de Puyzieulx, qui venait de remplacer d’Argenson au secrétariat des affaires étrangères, avait été un peu déconcerté par une des dépêches du comte de Montaigu : il crut qu’à Venise on le considérait comme l’auteur de l’attestation de moralité donnée au misérable Henry et, quoique l’ambassadeur fût persuadé du contraire[1], la confusion lui fut nuisible. Il avait sollicité un congé pour venir en France rétablir sa santé gravement atteinte par toutes ses épreuves ; le 6 mai 1749, le roi le prévint qu’il allait être remplacé et lui expédia ses lettres.

Ce rappel n’était pas une disgrâce, puisque le marquis de Puyzieulx assura l’ambassadeur dans une de ses dépêches que le roi et lui-même n’avaient sur


    moyen on avoit pu obtenir du ministre une copie des fausses imputations qu’il a cy devant avancé contre moy : car en me justifiant, j’aurois fait voir en même tems toute sa noirceur et sa méchanceté, au lieu qu’en usant du droit de récrimination contre luy, je ne pourois guère être fondé à le faire, à moins que je n’eusse en main des pièces authentiques. C’est ce qui me manque, car il y a certaines circonstances qu’on peut bien montrer icy, au doigt et à l’œil, mais il est difficile de le montrer de loin de la même façon au ministre. Je crains même que mes lettres que Votre Excellence a laissé à Mr de Chavigny ne fassent pas tout l’effet qu’on pouroit en espérer, non que les faits qu’elles contiennent ne soient bien vrais, mais c’est que ce consul est si fort protégé que je tremble encore qu’on ne me fasse un crime d’avoir osé avancer la moindre chose contre luy… »

  1. Lettre du chevalier de Montaigu à son frère, 24 mai 1749.