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tournoïant sans cesse de haut en bas. La veille de Pasques, je vis à S. Jean de Latran, les Chefs S. Pol & S. Pierre qu’on y montre, qui ont encore leur charnure, teint & barbe, come s’ils vivoint : S. Pierre, un visage blanc un peu longuet, le teint vermeil & tirant sur le sanguin, une barbe grise fourchue, la teste couverte d’une mitre papale ; & S. Pol, noir, le visage large & plus gras, la teste plus grosse, la barbe grise, espesse. Ils sont en haut dans un lieu exprès. La façon de les montrer, c’est qu’on apele le peuple au son des cloches, & que à secousses, on devale contre bas un rideau au derriere duquel sont ces testes, à costé l’une de l’autre. On les laisse voir le tamps de dire un Ave Maria, & soudein on remonte ce rideau : après on le ravale de mesmes, & cela jusques à trois fois : on refaict cete montre quatre ou cinq fois le jour. Le lieu est élevée, de la hautur d’une pique, &